L’inaccessibilité du foncier agricole est l’une des principales difficultés auxquelles sont confrontés les porteurs de projet d’installation agricole ou les agriculteurs en activité.
Au cours des dix dernières années, plusieurs territoires insulaires ont tenté d’apporter des solutions à cet état de fait en créant et mettant en œuvre des stratégies de maîtrise locale du foncier agricole. Ces stratégies s’inscrivent dans le temps long et nécessitent un portage politique fort, ainsi qu’un engagement des différentes parties prenantes intervenant sur le foncier agricole. Néanmoins, si ces conditions sont réunies, elles portent leurs fruits : ainsi l’action foncière de l’île d’Oléron, démarrée en 2010, arrive aujourd’hui à maturité et a permis d’installer plusieurs sauniers et agriculteurs sur l’île.
Notre recueil « Des territoires en action pour maîtriser le foncier agricole – Retours d’expérience des îles de la façade atlantique française » vous permettra d’en apprendre davantage !
Source de résilience alimentaire, facteur dynamisant de la vie rurale locale, emplois … les activités agricoles durables sont indispensables dans les îles.
Mais l’installation y est bien souvent perçue comme un véritable « parcours du combattant ». Accéder à du foncier dans un contexte de rétention des terres par les propriétaires, construire un bâtiment agricole dans des espaces proches du rivage, adapter sa production aux fluctuations saisonnières de population, trouver un logement à l’année … tout cela peut s’avérer décourageant !
C’est pourquoi il est crucial d’être bien entouré pour mener à bien votre projet. L’article ci-après vous apportera des informations sur les structures et dispositifs nationaux ou régionaux à mobiliser.
Par ailleurs, notre réseau regroupe des collectivités locales, des structures associatives et des agriculteurs de différentes îles qui sont très impliqués dans le développement agricole et peuvent également vous offrir une aide précieuse (recherche de foncier agricole, vision d’ensemble du secteur, mise en lien avec d’autres agriculteurs…), grâce à leur connaissance fine de l’île sur laquelle ils se trouvent. N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations ou pour obtenir leurs coordonnées : raia.association@gmail.com.
I. Se faire accompagner
Le Point Accueil Installation (PAI)
Il s’agit du premier RDV pour les porteurs de projet d’installation agricole.
Accueillir les porteurs de projet d’installation dans chaque département
Fournir des informations détaillées sur les aides financières et les démarches administratives
Orienter vers les structures d’accompagnement appropriées en fonction des besoins et des préférences personnelles du porteur de projet.
Le PAI vous fournira un document d’auto-diagnostic : il vous permettra de clarifier votre projet et faire le point sur vos compétences (un exemple d’auto-diagnostic ici). Un fois complété, ce document sera transmis au Centre d’élaboration du Plan de professionnalisation personnalisé (CEPPP). Vous pourrez alors rencontrer deux conseillers de votre choix afin de discuter de votre projet, identifier les éventuels besoins de formation complémentaires et être guidé dans les démarches administratives liées à l’installation.
Les structures d’accompagnement
Différentes structures sont agréées par l’Etat pour vous accompagner dans vos démarches de formation et d’installation (cliquez pour accéder aux sites des différents organismes) :
C’est décidé, vous voulez faire un stage dans une ferme et sur une île.
Nous pouvons, sur demande, vous fournir la liste des fermes accueillant des stagiaires sur chacune des îles de notre réseau.
Ci-dessous, quelques éléments afin d’identifier le dispositif de stage le plus adapté à votre projet.
1. Je souhaite découvrir à mon rythme en quoi consiste l’activité agricole
Réseau WWOOF
Le Wwoofing est un mouvement mondial qui vise à mettre en lien des citoyens intéressés par l’agriculture biologique avec des producteurs, en participant bénévolement à la vie de la ferme.
Les bénévoles (les Wwoofeurs) sont reçus dans des fermes où vivent et travaillent des familles ou des collectifs (les hôtes). Les Wwoofeurs aident au travail agricole et partagent la vie quotidienne des hôtes qui leur offrent le gîte et le couvert en échange.
Quelques fermes insulaires sont référencées sur ce réseau : retrouvez-les ici.
Période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP)
Ce dispositif permet à toute personne bénéficiant d’un accompagnement professionnel personnalisé (demandeur d’emploi, personne en réinsertion professionnelle, travailleur handicapé, jeune suivi par une mission locale) de réaliser une période d’immersion en milieu professionnel, en vue de retrouver un emploi. Plus d’informations ici.
Accès des demandeurs d’emploi aux métiers de l’agriculture (ADEMA)
Pôle Emploi a mis en place le dispositif ADEMA. Celui-ci permet aux personnes intéressées par l’agriculture de « tester » un métier agricole. Ouverte à tout demandeur d’emploi inscrit à Pole Emploi et n’ayant pas suivi de formation agricole de plus de trois mois, ce dispositif permet sur un mois environ de se familiariser aux métiers de l’agriculture. Une courte formation de 5 jours permet d’apprendre les rudiments du métier, avant d’être reçu 3 semaines en entreprise agricole sous le tutorat d’un maître de stage. Cette formation permet de découvrir le métier d’agriculteur avant de s’orienter vers d’autres formations plus techniques en agriculture.
CDD, contrat saisonnier
Travailler quelques mois comme ouvrier dans une exploitation agricole peut être une bonne initiation au métier, sans engagement pour la suite.
Le site de l’ANEFA propose un grand nombre d’offres d’emploi, dont certaines sur les îles.
2. Je souhaite tester une activité pendant une durée plus longue, préfigurer ma future exploitation
Espace test agricole
Un Espace-Test Agricole vous permet de tester votre future activité grâce à la mise à disposition de différents éléments :
Il vous propose un cadre légal pour réaliser votre test d’activité, tout en vous assurant une autonomie complète,
Vous disposerez de moyens de production (foncier, matériel, bâtiments…) indispensables à l’activité,
Un dispositif d’accompagnement et de suivi est proposé,
Une attention particulière est portée à l’inclusion du porteur de projet dans les dynamiques locales (milieu associatif agricole local, rencontre avec les élus et autres porteurs de projet, entraide).
Le lieu test désigne le lieu physique, support temporaire ou permanent du test d’activité.
Trouvez l’espace-test le plus adapté à votre projet : Réseau RENETA
Stage « Paysan Créatif » dans une coopérative d’installation en agriculture paysanne (CIAP)
Ce stage, d’une durée de 12 mois, est accessible à toute personne ayant un projet d’installation professionnelle en agriculture et une volonté de s’installer sur un territoire identifié avec ou sans foncier.
Durant le stage, vous bénéficiez du statut de stagiaire de la formation professionnelle, indemnisé par Pôle Emploi ou par la Région concernée.
3. Je suis en formation agricole (Bac pro, BTSA, BPREA…) et je cherche un stage dans le cadre de mon cursus
Nous pouvons vous fournir la liste des fermes insulaires accueillant des stagiaires.
4. J’ai démarré mon parcours à l’installation
Des stages en exploitation sont prescrits dans le cadre de mon projet professionnel personnalisé (PPP)
Des stages d’une durée de 1 à 6 mois peuvent être préconisés dans le cadre de mon parcours à l’installation. Je peux les effectuer chez l’agriculteur de mon choix, que je contacte directement ou via ma structure d’accompagnement. Il doit toutefois avoir l’agrément « Maitre-exploitant », ce qui signifie qu’il a été formé à l’accueil de stagiaires en parcours d’installation.
J’aimerais reprendre une exploitation agricole existante que le propriétaire souhaite transmettre, ou racheter les parts d’un associé : je peux effectuer un stage de parrainage
Le stage de parrainage, de 3 à 12 mois, permet à un candidat intéressé par la reprise d’une exploitation de travailler chez un agriculteur qui envisage de cesser son activité ou dans une société existante afin d’en maîtriser l’outil. Ce stage est agréé au titre de la formation professionnelle (rémunération versée par l’Etat ou une collectivité territoriale) et bénéficie d’une couverture sociale.
Il s’accompagne d’un suivi pédagogique qui peut être assuré par les Centres de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA), les Chambres d’agriculture ou des structures du développement agricole comme les ADEAR ou les CIVAM. Dans le cadre du programme « Accompagnement à l’installation transmission en agriculture » (AITA) ce dispositif peut être cumulé avec la prise en charge d’un diagnostic d’exploitation (jusqu’à 1 200 euros), d’un accompagnement à la transmission (jusqu’à 1 500 euros) ou d’une aide à la transmission du foncier (jusqu’à 3 000 euros).
Ce texte s’appuie sur une série d’enquêtes téléphoniques ainsi que des contacts réguliers entre le Réseau agricole des îles Atlantiques et les agriculteurs, des acteurs des filières et des acteurs du développement agricole sur les différentes îles de la façade atlantique.
Bilan de la crise
Les situations des producteurs insulaires pendant la période de confinement ont été très contrastées.
On peut toutefois identifier quelques grandes lignes directrices :
Les activités dont le chiffre d’affaire est essentiellement lié à de la vente directe auprès d’une clientèle touristique saisonnière ont été très durement impactées : c’est le cas (entre autres) des sauniers indépendants sur les îles de Ré, Noirmoutier et Oléron, des viticulteurs réalisant de la vente directe (hors coopérative) à Ré et Oléron. De façon similaire, les activités d’agri-tourisme n’ont dégagé aucun revenu du fait du confinement. Le manque à gagner ne sera pas compensé, même si la saison estivale est correcte.
Certains producteurs de viande, notamment ovine, ont été pris de court par l’impossibilité d’écouler leurs animaux sur le marché pendant la période de Pâques. Les animaux, gardés dans les fermes en attendant, risquent d’être dépréciés.
Pour les autres productions, les effets de l’épidémie se sont fait moins durement sentir, même si des adaptations en matière de production ou de commercialisation ont été mises en place sur l’ensemble des exploitations insulaires.
La production maraîchère, qui sur les îles est polarisée entre des activités de maraîchage sur de petites surfaces pour la vente directe (Yeu, Belle-Ile, Bréhat, Oléron…) et la production en plein champ pour la vente en coopérative (Noirmoutier, Batz), a pu dans certains cas tirer son épingle du jeu, grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : irruption de l’épidémie à une période de creux de production, accroissement de la demande des consommateurs pour des produits maraîchers locaux sur les îles, capacité des coopératives à s’adapter aux demandes du marché tout en mettant en avant l’origine des produits. Malgré tout, certains maraîchers ont dû détruire leurs productions, en particulier celles destinées au marché de la restauration.
Dans l’ensemble, les activités qui ont le moins pâti de la situation sont celles disposant d’une bonne autonomie (intrants, main d’œuvre, capacité de transformation et de stockage des produits) et de débouchés réguliers sur l’année et décorrélés de l’activité touristique.
Les installations en cours, et plus largement les activités nécessitant le recours à des entreprises extérieures (travaux, aménagement, réparation ou livraison de matériel) ont été grandement retardées par la réduction des dessertes en transport maritime et des activités postales. En effet, les produits et matériels agricoles ne sont pas considérés comme prioritaires.
Enfin, l’épidémie a reporté des évolutions stratégiques en cours : création de GAEC, projets de diversification, embauches.
L’ensemble des professionnels s’accorde sur le fait que le bilan économique de la période ne pourra être tiré qu’en septembre : le retour à la normale est variable d’une île à l’autre, selon la rapidité de remise en place des liaisons maritimes notamment.
Ce que la crise nous révèle des systèmes agricoles insulaires
L’expérience du coronavirus a ainsi joué un rôle de révélateur en mettant en lumière la fragilité du modèle économique global du secteur agricole sur les îles
1 –Des productions alimentaires insuffisantes ou déconnectées des besoins locaux
Elle a pointé la déconnexion entre la production agricole insulaire et l’approvisionnement alimentaire de la population locale. Cette déconnexion est de deux ordres et diffère selon les îles considérées : faiblesse ou inexistence de la production, non-corrélation entre les besoins alimentaires du territoire et les productions.
Sur de nombreuses îles, la production est calibrée pour satisfaire les besoins d’une filière d’exportation sur le continent et/ou de la clientèle touristique estivale[1]. Elle est donc commercialisée dans des circuits relativement distincts des circuits d’approvisionnement des résidents insulaires.
En effet, parmi la population vivant sur les îles « à l’année », le recours aux circuits d’approvisionnement alternatifs de proximité reste limité (à l’image de l’ensemble de la population française moyenne) au profit de l’approvisionnement en GMS.
Il y a donc une relative absence de recoupement entre l’offre alimentaire proposée par les producteurs en circuits de proximité (plutôt orientée vers la clientèle touristique « libre de son temps ») et la demande des résidents à l’année.
Décorréler la vente de produits agricoles insulaires de la saisonnalité touristique nécessite de renforcer les possibilités de recoupement offre/demande à l’année. De nouveaux partenariats équitables sont donc à imaginer. Il peut s’agir de nouveaux modes de partenariats entre producteurs et GMS, entre producteurs et artisans de bouche, ou encore la mise en commun de productions au sein de boutiques de producteurs, de drive, d’AMAP, pouvant constituer une alternative intéressante aux GMS grâce à la présence en un même lieu de différents produits, ce qui évite la multiplication des trajets souvent pointée comme un frein.
Un autre moyen de décorréler l’offre agricole de la saisonnalité touristique (et de la concurrence exacerbée en cas de disparition d’un débouché) est la diversification des activités : sur certaines îles, force est de constater d’une part, une spécialisation importante (viticulture, élevage ovin, maraîchage sur l’île de Batz…) générant alors un volume de produits identiques très largement supérieur aux besoins des résidents permanents, et d’autre part, l’inexistence de certaines productions (fruits, céréales, volailles, œufs…).
Néanmoins sur la plupart des îles, les volumes totaux d’aliments produits sont tout simplement insuffisants voire inexistants au regard des besoins alimentaires locaux. Il est donc nécessaire, dans une perspective à moyen terme d’amélioration de l’autonomie alimentaire locale, d’adopter des dispositions en matière d’accès au foncier et infrastructures facilitant l’installation agricole et la transmission avec des projets diversifiés.
Enfin, les coûts de production sur les îles sont plus élevés que sur le continent, même pour les exploitations agricoles très autonomes, ce qui se traduit par un prix des produits plus élevé que la moyenne. Pour autant, la présence d’une agriculture extensive et respectueuse de l’environnement sur les îles rend de nombreux services gratuits à la collectivité (entretien du paysage et des réseaux hydrauliques, protection de la biodiversité, réduction de la vulnérabilité aux aléas naturels comme les incendies ou inondations). Ces services pourraient être rémunérés par un système de paiement pour services environnementaux mis en place par les collectivités insulaires, qui permettrait de renforcer le modèle économique des exploitations.
2 – Une dépendance accrue pour les agriculteurs insulaires au transport pour la transformation et la vente
L’épidémie a également montré la nécessité de disposer d’infrastructures permettant de transformer les produits bruts sur place pour en reporter la vente, ainsi que les possibilités existantes de mutualisation de ces infrastructures.
En effet, plusieurs producteurs ont été contraints de détruire leurs produits, ou de les vendre à un prix inférieur à leurs coûts de production pour faire face à l’impossibilité de les écouler via les débouchés habituels.
Disposer d’outils facilitant la fabrication et le stockage de produits de report (laboratoire de transformation, autoclave, moulin, congélateur…) aurait permis d’éviter ces pertes. La mutualisation de ces outils, qui peut nécessiter des adaptations en matière de réglementation sanitaire, permettrait de limiter la construction d’infrastructures sous-utilisées.
Cette logique de maîtrise de la chaîne de fabrication et de commercialisation peut se transposer à la problématique du transport, notamment maritime. La mise en place de Plans de transport adaptés lors de la crise pour la desserte maritime a été très contraignante pour les agriculteurs et a souligné leur dépendance à des chaînes logistiques dont ils n’ont pas la maîtrise. L’exemple de l’île de Batz, où les agriculteurs sont pour partie actionnaires de la société qui gère la barge de transport assurant le passage des légumes vers le continent, ou encore du camion de lait de Belle-Ile, assimilé à un service public pris en charge par la collectivité et donc considéré comme prioritaire sur le bateau, montre que la reprise en main d’au moins une partie de la chaîne logistique est un facteur sécurisant en cas de modification des conditions d’exercice de l’activité.
Cette situation nous interpelle également sur la notion de biens de première nécessité : en effet, les produits nécessaires à l’activité agricole ont la même finalité que les biens alimentaires, à savoir nourrir la population. Il est donc important de reconsidérer la qualification des biens agricoles dans les documents qui régissent les dessertes maritimes.
3 – La dimension collective, un levier d’adaptation et un moyen pour encourager la disponibilité « multi-canaux » des produits locaux
La crise a montré l’utilité et la pertinence des dispositifs collectifs ou multi-acteurs. Ainsi les magasins de producteurs, les coopératives, les collectifs, ont permis aux producteurs de ne pas être démunis face à la perte de débouchés, d’avoir plus de poids dans les demandes adressées aux élus locaux (notamment pour le maintien des marchés) et de trouver plus facilement des débouchés alternatifs.
Au-delà des entités formelles, les proximités informelles préexistantes entre les acteurs ont favorisé la mise en place d’adaptations. On peut ainsi citer l’exemple d’un éleveur fournisseur d’un supermarché insulaire : ayant fait remonter au gérant du supermarché ses difficultés à écouler tous ses animaux, celui-ci l’a mis en relation avec les autres supermarchés de la même enseigne sur le continent.
Il est donc important d’encourager le développement des dispositifs favorisant l’interconnaissance entre acteurs professionnels. Les Projets alimentaires territoriaux sont un exemple, mais on peut également citer les collectifs citoyens, les groupements d’achat, les AMAP, les filières locales…
Par ailleurs, l’exiguïté des îles rend nécessaire une concertation entre les producteurs afin d’optimiser la gestion collective des débouchés possibles, évitant la concurrence et permettant de rendre disponibles les produits locaux dans tous les canaux de distribution, dont la plupart sont aujourd’hui sous-employés (cf. point 1). Cette concertation ne pourra se faire sans un cadre collectif idoine.
La dimension collective de l’action doit s’entendre également au sens d’une prise en compte par les élus et collectivités des attentes des citoyens-consommateurs : ainsi, une enquête réalisée par la mairie de Palais (Belle-Ile-en-Mer) auprès des habitants afin d’identifier les axes de travail prioritaires en sortie de confinement a révélé que les deux préoccupations majeures des habitants étaient : « l’écologie et la biodiversité », suivies de « l’agriculture ».
Cet exemple précis reflète la montée en puissance de la demande citoyenne pour une agriculture de proximité, c’est-à-dire porteuse de liens fonctionnels et positifs avec les non-agriculteurs, et respectueuse de l’environnement. Entendre cette demande signifie pour les collectivités agir de façon ambitieuse et efficace pour le développement sur les îles d’une agriculture correspondant à ces souhaits.
[1] Cette situation de dépendance au tourisme est globalement généralisable à l’ensemble des activités économiques insulaires : l’office du tourisme de Bréhat, suite à une enquête réalisée auprès des entreprises de l’île, a ainsi estimé que 70 % de l’activité économique de l’île dépendait du tourisme à la journée et à la semaine.
La vocation première de l’agriculture est la production alimentaire. Mais l’activité agricole offre également des services non marchands d’intérêt collectif, qui sont intrinsèquement liés à l’acte de production, et que l’on désigne généralement sous le terme d’ «externalités positives de l’agriculture». A contrario, les pratiques agricoles peuvent produire des effets qui pénalisent l’intérêt collectif et que l’on désigne comme des «externalités négatives».
Qu’entend-on par le terme « externalité » ?
Il y a externalité lorsque l’activité de production d’un agent économique a une influence non marchande (positive ou négative) sur le bien-être d’un autre sans qu’aucun des deux ne reçoive ou ne paye une compensation pour cet effet. Il s’agit donc d’un effet non associé à une contrepartie monétaire, et donc « extérieur » à l’économie de marché.
Dans le cas de l’agriculture, on peut notamment citer comme externalités positives environnementales :
Le stockage du carbone dans les sols agricoles, notamment dans le cadre de prairies semi-naturelles ou de pratiques agroforestières ;
La réduction de la vulnérabilité aux aléas naturels (incendies, inondations, submersion marine) ;
La contribution à la conservation d’écosystèmes rares et de la biodiversité qui y est associée ;
La régulation des populations de ravageurs.
On peut également identifier d’autres formes d’externalités positives liées à des valeurs culturelles ou esthétiques, comme par exemple la création et l’entretien de paysages à valeur patrimoniale (bocage, zones pastorales de montagne…).
Un certain nombre de travaux vise à estimer ces externalités positives et leur attribuer une valeur monétaire. Cela peut se traduire alors par une rémunération supplémentaire versée à l’agriculteur directement par l’Etat, les collectivités locales ou territoriales : c’est ce que l’on nomme les paiements pour services environnementaux (PSE). La mise en œuvre de ce type de paiements, dont les mesures agro-environnementales et climatiques peuvent être considérées comme le précurseur, démarre tout juste en France (via les Agences de l’eau notamment).
Les externalités négatives peuvent pénaliser certaines catégories d’agents économiques ou le bien-être général, et pèsent sur les contribuables (coûts des pollutions, du traitement de l’eau, des effets sur la santé…).
On peut citer, pour l’agriculture :
La pollution de l’air, de l’eau, induite par l’utilisation de produits phytosanitaires ou d’engrais de synthèse ;
L’érosion des sols, lié au travail mécanique répété et profond des sols agricoles, et à l’absence de couvert végétal ;
La diminution de la biodiversité entraînée par l’homogénéisation des cultures et pratiques agricoles ;
Les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation d’engins à moteur thermique ou à la fabrication d’intrants chimiques ;
La consommation de ressources non renouvelables (pétrole, phosphates…).
Certains travaux ont pour objectif d’évaluer le coût pour la société des externalités négatives, afin de pouvoir l’intégrer dans le calcul du coût total d’un produit. Ce rapport, commandé par l’ADEME, présente ainsi la façon dont le coût des externalités environnementales des produits alimentaires peut permettre de sélectionner des produits issus d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement dans le cadre des marchés publics en restauration collective.
Comment évalue-t-on une externalité ?
Le niveau de l’externalité dépend de ce qui est considéré comme « l’état normal » (d’un milieu, par exemple) en dessous duquel il y aurait dégradation au détriment de la société, et au-dessus duquel il y aurait bénéfice pour la société. Si la « science » fournit des éléments d’appréciation de ce que sont les « états souhaitables » dans le sens de la durabilité, la fixation de normes résulte toujours d’une construction sociale.
Concernant l’agriculture, les externalités sont donc très généralement évaluées en référence à ces normes, c’est à dire aux états créés par les pratiques de l’agriculture dite « conventionnelle ». Elles sont donc relatives, et peuvent évoluer.
On considère de façon générale qu’un surcroît d’externalités positives, ainsi qu’un amoindrissement des externalités négatives, représentent un bénéfice pour la collectivité.
Il a par exemple été montré que l’agriculture biologique était moins génératrice d’externalités négatives que l’agriculture conventionnelle, et qu’elle générait davantage d’externalités positives, bien que les niveaux en soient difficiles à quantifier (ITAB, 2016 : Voir le rapport complet ).
Concrètement sur les îles, ça veut dire quoi ?
La vocation première de l’agriculture est la production alimentaire. Aujourd’hui, sur les îles, la production existante est globalement très en deçà des quantités nécessaires à l’alimentation ne serait-ce que pour la population permanente. Sur les îles où un diagnostic de l’alimentation locale a été réalisé, on estime que seuls 3 à 5 % des besoins alimentaires sont couverts par la production locale.
Dans ce contexte, les activités agricoles insulaires ne peuvent assurer complètement leur fonction nourricière de proximité. Le RAIA souhaite donc encourager le maintien et le développement de l’agriculture dans les îles.
Mais les îles sont des territoires fragiles en termes de ressources : ressources en eau limitées, risques érosifs accrus par la proximité du milieu marin, écosystèmes spécifiques pouvant abriter des espèces endémiques… L’agriculture insulaire doit donc être en mesure de fournir les externalités positives détaillées ci-après, et de limiter voire supprimer les externalités négatives qui lui sont liées (pollutions, érosion des sols …).
Pour donner une réalité à ce projet proposé d’agriculture durable, le RAIA porte aujourd’hui un projet de recherche intitulé SOFIANE : SOutenir et Faciliter dans les Iles de la façade Atlantique une agriculture Nourricière et à Externalités positives.
Externalités positives concernant l’environnement
– Participer, par le biais de différentes pratiques, au maintien et au développement de la biodiversité des espaces agricoles : pastoralisme, agro-foresterie, agriculture biologique, enherbement des parcelles en arboriculture et viticulture, permaculture, maintien dans les parcelles d’éléments semi-naturels type haies et mares, rotations des cultures, mise en jachère…
Le cas du pastoralisme est particulièrement important pour les îles (exemple détaillé de l’élevage ovin plus bas), car il permet de conserver des prairies et des zones humides associés à des espèces végétales spécifiques. Le pâturage des animaux, en empêchant l’enfrichement des parcelles, empêche l’homogénéisation des écosystèmes présents et contribue au maintien d’espèces floristiques variées. (Agriculture, biodiversité et continuité écologique : contributions et enjeux communs)
– Participer au maintien de la biodiversité cultivée, par le biais de l’utilisation de semences anciennes, la culture de variétés variées, et l’élevage de races d’animaux à petit effectif, qui contribue au maintien d’une diversité génétique. Travailler au développement de cette biodiversité implique la mise en œuvre d’expérimentations, qui permettent de faire avancer les connaissances générales.
– Réduire la vulnérabilité aux aléas naturels : incendies (diminution du risque par l’ouverture du paysage et contribution à la lutte contre l’incendie par l’entretien de mares et d’étang pouvant fournir une réserve en eau), inondations (réduction du risque de ruissellement fort par la présence de haies, de couvert végétal), submersion marine dans le cas des marais salants.
-Accroître le stockage de carbone dans les sols, dans un double objectif de restauration de la fertilité et de réduction du CO2 présent dans l’atmosphère et contribuant à l’augmentation de l’effet de serre planétaire. Cet accroissement de la quantité de Co2 stocké dans le sol est lié à la mise en œuvre de pratiques agricoles spécifiques : agroforesterie, restauration des éléments semi-naturels liés à l’agriculture (haies, bosquets, mares, cours d’eau) ou encore prairies permanentes.
– Préserver la fertilité des sols à long terme : la fertilité des sols est un « capital » de départ dont dépend fortement la productivité des parcelles agricoles. Cette fertilité repose sur une multitude de paramètres physiques, chimiques et biologiques. Afin de la préserver, ou de l’améliorer, il est nécessaire de mettre en place des pratiques adaptées comme les couverts permanents, l’apport régulier de matière organique, la réduction du travail du sol et de l’utilisation de produits phytosanitaires.
– Entretenir les réseaux hydrologiques : l’enfrichement de zones auparavant cultivées ou pâturées entraîne la rétention de l’eau par les végétaux ligneux, par exemple dans le cas de boisements en fond de vallons auparavant utilisés pour le pâturage. Cette eau n’est alors plus disponible pour le captage et utilisable pour les besoins de la population.
Par ailleurs, l’absence de gestion du réseau hydrologique entraîne souvent dans les îles une hydromorphie des sols, qui se traduit par une asphyxie de la vie du sol défavorable à la biodiversité et à la productivité de la parcelle.
On considère que dans le cadre de la mise en œuvre d’une agriculture capable de fournir ces services, les agriculteurs participent à l’entretien des biens commun que sont les sols, l’air, l’eau, la biodiversité.
Externalités positives concernant le tissu économique du territoire et la vie locale
– L’ouverture des paysages est un service particulièrement important, que l’agriculture fournit gratuitement. En effet, une grande partie de la beauté des sites insulaires repose sur leur paysage présentant des ouvertures sur la mer depuis les espaces centraux ou les sentiers de randonnée. C’est une contribution majeure à l’attractivité touristique sur laquelle est bâti en grande partie le développement économique insulaire.
– Revitaliser le commerce de proximité en proposant des produits alimentaires de qualité sous forme brute ou transformée (produits laitiers, pain, viande…). Il peut s’agir d’une contribution à des circuits de commercialisation déjà existants (partenariats avec des supérettes locales) ou la création de nouveaux dispositifs (magasins de producteurs, AMAP, vente à la ferme ou par drive…).
L’augmentation du poids du secteur agricole dans le total des emplois sur un territoire insulaire permet de limiter la dépendance de celui-ci au secteur touristique et aux emplois de services qui y sont liés, dont les fluctuations ne sont guère compatibles avec la création d’emplois pérennes à l’année.
Par ailleurs, le développement économique uniquement axé sur le tourisme se base sur le fait d’attirer toujours plus de visiteurs, ce qui est incohérent avec la nécessité de protéger les espaces insulaires remarquables et rend extrêmement complexe le développement d’infrastructures de service public, qui doivent s’adapter à des fluctuations de charge très importantes.
Le développement d’un secteur dont l’activité est régulière sur l’année favorise l’installation pérenne de nouveaux habitants et contribue ainsi au maintien de services publics (écoles, hôpitaux…).
L’agriculture est également un secteur qui permet de travailler à l’insertion sociale des personnes en difficulté, éloignées de l’emploi (Jardins de cocagne).
– Tenir compte et s’adapter aux spécificités géographiques, géologiques, climatiques du territoire dans le développement des activités agricoles. Par exemple, la faible épaisseur de sol sur certaines îles doit inciter à l’élevage d’animaux légers, dont le piétinement ne risque pas d’endommager les sols et d’en accélérer l’érosion ou le tassement. Cette adaptation de l’agriculture à son territoire implique de connaître finement les spécificités locales et de sauvegarder (en les utilisant) des savoir-faire liés à ces spécificités : gestion hydrologique (drainage par exemple), pratiques de pâturage, aménagement bocager…. Cela donne une réalité à l’identité agricole des îles, susceptible de participer à la promotion et au rayonnement de celles-ci.
Cela contribue également au dynamisme de la vie locale rurale : à l’île d’Ouessant, par exemple, l’élevage ovin même non professionnel est support de lien social, de moments conviviaux et traditionnels.
– Rebâtir un socle de connaissances en matière d’agriculture pour les résidents insulaires (ou pour les visiteurs dans une moindre mesure), par différents moyens pédagogiques : visites de fermes, travaux participatifs, moments conviviaux type Foire agricole ou Comice, intégration valorisée de produits locaux dans la restauration collective …
Cette agriculture à externalités positives est donc une agriculture respectueuse de l’environnement, qui rémunère correctement les agriculteurs qui la pratiquent, et ancrée dans le territoire sur lequel elle s’inscrit.
L’élevage ovin extensif sur les îles : un exemple d’une agriculture à externalités positives
L’élevage ovin extensif est une activité que l’on retrouve sur différentes îles de la façade atlantique : Ouessant, Groix, Belle-Ile-en-Mer, Hoëdic, Noirmoutier, Yeu, Oléron.
Elle est particulièrement représentative du lien fort qui peut exister entre agriculture, biodiversité et paysages.
Cet élevage se caractérise par une faible charge pastorale (peu d’animaux par hectare) et des pratiques agricoles spécifiques, notamment l’absence de fertilisation azotée, la fauche estivale des prairies, et une complémentation alimentaire pour les animaux essentiellement limitée à du fourrage en cas de sécheresse et du sel.
Ces pratiques se traduisent par la présence sur les parcelles de prairies d’une multitude d’espèces végétales : jusqu’à 40 espèces recensées sur une parcelle (Etude des prairies de Belle-Ile-en-Mer, Masson, 2016). Les prairies ainsi constituées forment des habitats spécifiques et certaines sont protégées au niveau européen pour leur haute valeur en tant que patrimoine naturel (prairies de fauche mésophiles, prairies humides).
L’élevage a également façonné sur les îles un paysage ouvert, permettant d’apercevoir l’océan en de nombreux endroits et contribuant ainsi à la beauté des sites insulaires.
L’arrêt du pâturage des parcelles se traduit rapidement par l’évolution des prairies vers l’état de friche, puis de forêt. Sur l’île d’Yeu, le phénomène a ainsi été observé avec l’installation progressive de forêts de chênes verts. La parcelle devient alors « improductive » pour l’alimentation humaine, inaccessible pour les activités récréatives (randonnées, observations), et sa richesse en termes de biodiversité décroît.
Afin d’éviter cette situation, préjudiciable à divers niveaux, se pose alors la question de l’entretien de ces parcelles. Le coût estimé pour le maintien ouvert de ces espaces, en faisant intervenir des entreprises spécialisées, est estimé à 0.25 € HT/m², soit 2500 €/ha. Ainsi pour une surface de 100 ha, soit l’équivalent de la surface « entretenue » par une exploitation agricole en élevage ovin, on obtient un coût de défrichage égal à 250.000 € !
Ce cas permet d’illustrer les différents services qui peuvent être rendus par une activité agricole adaptée à son territoire.
La mise en place du confinement, l’arrêt de certaines activités et les restrictions de transport modifient la façon dont les agriculteurs travaillent au quotidien. Afin d’évaluer les impacts précis de cette crise sur les systèmes agricoles insulaires, le RAIA réalise l’observation et l’analyse de la situation sur les différentes îles de l’Atlantique.
Ce travail permettra d’identifier les fragilités, ou au contraire les forces, existant dans les îles. Il pourra servir de base à des propositions ciblées d’action de soutien, dans l’immédiat ou par la suite.
Au 23 avril, le bilan global qui peut être dressé de la situation est le suivant :
En dehors des installations agricoles qui sont fortement impactées par la crise, les agriculteurs enquêtés et ceux dont ils sont proches semblent pour le moment s’être adaptés à la situation. Le début du confinement est intervenu, par « chance », dans une période à laquelle le volume des productions à écouler était assez faible. Le relatif soutien des élus locaux et l’augmentation de la clientèle ont permis d’écouler les productions du mois dernier et de début avril sans difficulté majeure, bien que des baisses de chiffre d’affaire (par comparaison avec les années passées) commencent à apparaître.
Les activités qui pâtissent le moins de la situation sont celles installées depuis longtemps, autonomes (peu d’intrants, transformation) et avec des débouchés réguliers sur l’année.
Les filières reposant essentiellement sur la commercialisation des produits auprès d’une clientèle touristique saisonnière sont en grande difficulté (saliculture et viticulture en vente directe notamment).
Les inquiétudes sont vives quant à la saison estivale à venir, qui représente la majeure partie du chiffre d’affaire annuel en vente directe. Pour certains, la situation risque de se compliquer rapidement à partir de la fin du mois d’avril. Néanmoins, il semble y avoir pour le moment peu de stratégies spécifiques mises en œuvre pour s’adapter à un « scénario pessimiste » remettant en cause la totalité de la saison.
Vous pouvez télécharger le premier bilan détaillé ci-dessous :
Avant de parler de résilience alimentaire, il me semble important de dire que le Covid-19 nous atteint quel que soit le lieu où nous habitons. Il est important de respecter le confinement, les bonnes attitudes pour éviter de se contaminer et de contaminer les autres.
En même temps, il nous faut dès à présent construire l’avenir, car si le président Macron pilonne son « nous sommes en guerre », n’oublions pas que le CNR (Conseil National de la Résistance) n’a pas attendu la fin de la guerre 39-45 pour réfléchir et imaginer la société d’après guerre.
Notre réflexion s’inscrit ici dans cette démarche.
Le mode d’approvisionnement alimentaire actuel, centralisé (importance des Marchés d’intérêt nationaux et des très grandes surfaces) et mondialisé, pour une grande partie, n’est pas compatible avec une raréfaction de l’approvisionnement en pétrole, le ralentissement des échanges et des transports, la réduction des importations… Le moindre grain de sable informatique, énergétique ou sanitaire comme nous le montre la crise planétaire actuelle du Covid19 nous interroge sur les incohérences et les fragilités de notre « système ».
Après la seconde guerre mondiale l’Etat se préoccupait de la sécurité d’approvisionnement alimentaire, et menait une politique en conséquence. Puis, progressivement il a transféré la responsabilité de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution aux acteurs du secteur privé en vertu des fameuses lois du marché et du « laisser-faire » qui répondrait au mieux à toutes les difficultés.
Or, les villes n’ont une autonomie alimentaire que de trois jours selon l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) ! Nos îles ont une petite autonomie alimentaire. Nous risquons tous des ruptures d’approvisionnement. Il ne s’agit pas d’affoler et d’inciter les gens à stocker, mais de réfléchir collectivement à un plan de sécurité alimentaire, pour maintenant et également à plus long terme. Que peut-on faire ? A court terme et tant que dure la crise du Covid-19, • nous devrions éviter les réflexes de stockage qui aboutissent à des rayons vides et a des difficultés d’organisation pour les GMS, (Grandes et Moyennes Surfaces) et vérifier l’état des réserves familiales en bocaux et autres formes de conservation. • Nous pouvons être solidaires avec nos producteurs locaux qui connaissent des difficultés (changement climatique approvisionnement, transports, …) mais qui essayent de s’adapter en proposant des solutions pour répondre aux besoins alimentaires de la population : paniers, livraisons à domicile, …
A moyen et long terme Produire localement Il s’agit de développer une agriculture respectueuse de la santé des hommes, de la biodiversité et de favoriser une plus grande autonomie alimentaire en augmentant les surfaces cultivées sur les îles, en diversifiant la production et en adaptant nos circuits commerciaux. Il ne s’agit pas de viser l’autonomie totale. Ce serait difficile compte tenu de nos habitudes alimentaires actuelles, de l’extension des surfaces bâties ou réservées aux jardins d’agrément ou envahie par la friche arbustive. Mais il s’agit bien de permettre l’augmentation des surfaces agricoles cultivables, ce qui doit se traduire dans les PLU
Mettre les terres agricoles à disposition des agriculteurs Pour développer l’agriculture encore faut-il que les propriétaires de terrains agricoles acceptent de les mettre à disposition des agriculteurs. Pour l’heure nous constatons de trop nombreuses réactions de rétention, qui non seulement ne sont pas conformes à la loi, mais sont également contraires à l’intérêt général. L’information, la concertation et la persuasion sont aujourd’hui privilégiés, mais il pourrait arriver un jour où il faudra mettre en œuvre, à l’instar d’autres communes sur le continent, la procédure dite des « Terres incultes ». La mise en valeur des terres incultes ou sous exploitées est une procédure qui consiste à réquisitionner un terrain abandonné et à le faire exploiter par un agriculteur
Encore faut-il également que nous trouvions des solutions adéquates pour l’eau nécessaire aux activités agricoles et pour le logement des agriculteurs. Enfin, encore faut-il que la Loi littoral évolue afin de permettre l’installation des bâtiments d’exploitation indispensables à toute activité agricole. Le RAIA a entrepris de construire un plaidoyer auprès des élus (maires, régions, sénateurs et députés) pour que la Loi Littoral ne soit pas un frein à l’installation ou la consolidation de fermes comme cela a été le cas dans plusieurs îles dont l’Île d’Arz. Nous parlons bien de fermes et non d’exploitations industrielles.
Il faudra certainement s’atteler à faire un diagnostic des effets pervers liées aux fluctuations saisonnières inhérentes à la fréquentation touristique. Pour pallier la précarité engendrée par la dépendance au tourisme, les variations brutales de la demande et son imprévisibilité Il faudra aussi trouver des solutions pour sécuriser l’alimentation de la restauration collective (Ecoles Collèges Ehpad) et de l’ensemble des habitants à l’année. Des formes de production et de commercialisation adaptées seront sans doute à inventer.
Ces questions se posent partout en France tant la déprise agricole depuis un siècle s’est accompagnée d’une spécialisation au détriment de la variété de l’offre alimentaire locale, séparant toujours plus le consommateur du paysan. Contrairement à d’autres pays nous n’avons pas maintenu de ceinture vivrière autour des villes et des lieux d’habitation, et ce même à la campagne… et sur les îles.
Recherche Action. Avec le projet SOFIANE, le RAIA a engagé un projet de Recherche Action sur l’agriculture dans les îles. L’épidémie du Covid-19 nous donne une occasion (on s’en serait passé) de mettre collectivement en œuvre cette recherche action. C’est pourquoi, le RAIA va créer un document en ligne que les agriculteurs, consommateurs, élus, associatifs pourront abonder de leurs expériences, des difficultés rencontrées, des solutions trouvées, des vécus ressentis. Pour avoir ce document envoyer un mail à raia.association@gmail.com NB Il servira de matières pour construire et proposer l’après Covid-19, il servira aussi à d’autres organismes qui sont dans la même démarche comme TERRALIM