Les 23, 24 et 25 novembre 2023 se sont tenues les 5èmes Rencontres agricoles inter-îles sur l’île d’Oléron (17).
Elles ont réuni 90 participants pendant 3 jours autour de plusieurs enjeux centraux pour maintenir dans les îles des activités agricoles dynamiques et respectueuses des écosystèmes locaux, notamment : le dynamisme du secteur associatif agricole local, l’adaptation des activités aux conséquences du dérèglement climatique, l’installation et la transmission d’activités agricoles dans de bonnes conditions.
Elles ont également permis aux visiteurs de découvrir les activités agricoles oléronaises et les projets en cours sur l’île.
Vous pouvez retrouver ici la synthèse de l’évènement.
Les 25, 26 et 27 novembre 2021 se sont tenues les 4èmes Rencontres agricoles inter-îles sur l’île de Bréhat (22).
Elles ont réuni jusqu’à 60 participants pendant 3 jours autour de plusieurs enjeux centraux pour maintenir dans les îles des activités agricoles dynamiques et respectueuses des écosystèmes locaux, notamment : la maîtrise du foncier agricole local, les pratiques agricoles favorables à la biodiversité ou encore le développement de projets alimentaires territoriaux.
Elles ont également permis aux visiteurs de découvrir les activités agricoles bréhatines et les projets en cours sur l’île.
Une synthèse de l’évènement sera rédigée en début d’année, mais voici d’ores et déjà quelques témoignages des participants :
« Marquées une nouvelles fois par une convivialité qui devient légendaire, ces Rencontres du RAIA à Bréhat ont été révélatrices :
d’un réseau vivant, très dynamique et productif en matière de repères pour la défense de l’agriculture paysanne insulaire,
d’une expertise du réseau très nette, et relevée d’ailleurs par des partenaires présents tel que Terre de Liens, en matière d’approche intégrée du développement agricole
d’une maturité rapidement acquise dans la capacité à produire des données guides pour l’action et la défense de l’agriculture sur les îles.
Ces constats doivent motiver la suite du développement du RAIA, affirmant notamment une montée en puissance des îles dites « à pont ». Longue vie au RAIA ! »
Guillaume Février, directeur du CPIE de Belle-Ile-en-Mer
« J’ai vraiment eu le sentiment, pendant ces Inter-Iles, de vivre un temps fort, très fort dans la dynamique collective de nos îles. Autour de moi j’ai bien senti que la qualité des interventions, la richesse des échanges en ont surpris plus d’un. Nous avons fait le plein d’idées et de savoirs-faire pour des projets à adapter localement sur nos îles ; le plein, aussi, d’énergie pour s’y coltiner. Merci aux Bréhatins pour leur chaleureux accueil. «
André Fiquet, membre du GEDAR de l’île d’Oléron
« Ravie d’avoir accueilli ces 4ème rencontres agricoles inter-îles, Bréhat remercie le RAIA pour cette belle organisation ! A l’image de l’activité du RAIA qui navigue entre projet de recherche et mises en valeur concrètes des agricultures insulaires, ces rencontres ont permis d’alterner des présentations techniques et des témoignages de grande qualité sur des sujets très variés. Les discussions informelles et les repas conviviaux auront également permis de fructueux échanges qui ne manqueront pas d’essaimer dans toutesles îles.«
Daniel Joniot, membre de l’association Fert’île de Bréhat
« Un grand merci aux Bréhatins, à Mary-Anne pour l’organisation et l’accueil. Trois belles journées de travail, où j’ai ressenti beaucoup d’attention, d’intérêt dans une ambiance sereine. Mais aussi des journées qui ont montré l’intérêt de nos travaux et échanges sur les PAT, le foncier, la biodiversité, les problématiques des prédateurs sur les îles. Notre réseau a du sens et du pain sur la planche. Notre prochain séminaire sera l’occasion de bien déterminer nos objectifs prioritaires. Un regret cependant : l’absence de nos interlocuteurs AIP, Régions, DREAL, DDTM… . Un merci spécial à Emilie Sage pour son témoignage sur l’élevage de ses moutons sur Yeu et à Liliane Piot Co-présidente de Terre de Liens Pays De Loire pour son mot de clôture. »
Georges Birault, président du Comité de développement agricole de l’île d’Yeu
« Bravoau RAIApour cette édition ! Merci aux Bréhatins !
Je participais pour la première fois aux Rencontres Agricoles et je dois dire que c’était intense. J’ai beaucoup apprécié ces trois jours de partage et de témoignages : foncier, PAT, biodiversité, semences, paysages, transformation, logistique … En plus d’être un moment convivial, cela m’a permis de mieux connaitre les territoires insulaires, de découvrir de très beaux projets agricoles individuels ou collectifs, de rencontrer de nouvelles personnes, de grappiller de nouvelles idées ou encore de partir avec des pistes de réflexion.
Dédier un temps à l’agriculture insulaire est vraiment une chance et cela montre aussi l’importance du RAIA et de ses actions.«
Miléna Sébilleau, chargée de mission Plan alimentaire territorial, Communauté de communes de Noirmoutier
« Tout d’abord, je suis super content de notre capacité à accueillir l’évènement, et de l’intérêt porté par les bréhatins, nous étions plus d’une dizaine de présents, agriculteurs, porteurs de projets et élus , et c’est beaucoup pour une petite communauté de 300 habitants! Bravo aux insulaires du Sud, qui ont fait tant de route pour venir jusqu’à nous, et j’ai un petit regret que nous n’arrivions pas à faire venir ceux de l’Ouest..
Enfin, on sent bien la montée en compétence des membres du Réseau, qui produisent de plus en plus de savoir-faire pour favoriser l’installation, et de connaissances, parfois en s’appuyant sur le travail des chercheurs et stagiaires (merci SOFIANE! ) «
Et l’amorce d’échanges entre agents de développement, d’une île à l’autre : le Réseau renforce ses liens, et c’est tout son intérêt !
François Le Tron, maraîcher, GAEC de Kervilon
« Une belle-fin de semaine sur l’île de Bréhat, permettant de partager nos questions d’insulaires. L’occasion également de s’appuyer sur un réseau solide et compétent pour faire vivre ailleurs qu’à Belle-Ile des actions lancées sur le lien entre agriculture et la faune sauvage ou faire circuler des contacts à propos de meunerie. «
Victor Giguet-Chevalier, chargé de mission agriculture au CPIE de Belle-Ile-en-Mer
Les rencontres du RAIA sont l’occasion pour nous, agriculteurs, élus et/ou acteurs de projets autour de l’alimentation, de confronter les réalités de nos contraintes souvent partagées et nos initiatives pour les dépasser. Ce sont des moments extrêmement riches, fertiles et inspirants. Merci aux Bréhatins engagés dans le projet alimentaire de Bréhat pour leur accueil généreux.
Louis Merlin (saunier, membre du Groupement de Développement pour une Agriculture Durable à l’île de Ré)
Le RAIA organise du 15 juin au 15 octobre 2021 un concours photo à l’échelle de toutes les îles de la façade atlantique qui abritent des activités agricoles : Bréhat, Batz, Ouessant, Molène, Sein, Groix, Belle-Ile-en-Mer, Houat, Hoëdic, l’Ile d’Arz, l’Ile d’Yeu, Noirmoutier, Ré, Aix et Oléron.
Son objectif est de mettre en valeur par l’image les agricultures insulaires durables, c’est à dire qui ne compromettent pas l’accès aux ressources et l’environnement pour les générations futures.
Pour y participer, c’est très simple ! Avant le 15 octobre, il vous suffit de :
Compléter le formulaire de participation en ligne ici
Envoyer vos photos à l’adresse mail du concours photos.raia@gmail.com, en les accompagnant d’une petite légende !
A la clé, un week-end sur une des îles de notre réseau : Belle-Ile-en-Mer, Bréhat, Oléron ou l’île d’Yeu !
A vous de jouer !
NB 1 : Si vous êtes mineur.e, une autorisation parentale de participation au concours est nécessaire. Vous pouvez en télécharger un modèle ici .
NB 2 : Nous vous rappelons que si vos photos montrent des personnes, il vous faut avoir leur consentement pour l’utilisation des photos. Vous pouvez télécharger un modèle d’autorisation de droit à l’image ici .
Le 9 mars 2021, l’association a tenu son Assemblée générale ordinaire. Covid oblige, celle-ci a eu lieu en visio-conférence !
L’occasion de rappeler que cette épidémie a mis en lumière à quel point il est urgent et crucial de développer sur tous les territoires une agriculture de proximité, autonome, nourricière, respectant de l’environnement et rémunérant dignement les producteurs.
Malgré la crise et l’annulation des Rencontres agricoles inter-îles prévues à Groix en décembre 2020, le RAIA n’a pas chômé et de belles réalisations se sont concrétisées, comme l’exposition sur les agricultures insulaires.
L’AG a permis d’élire le nouveau conseil d’administration de l’association. Celui-ci se compose de :
Georges Birault, président du Collectif agricole de l’île d’Yeu
François Le Tron, maraîcher sur l’île de Bréhat
Daniel Joniot, membre de l’association Fert’île de Bréhat
Guillaume Février, directeur de CPIE de Belle-Ile-en-Mer
Louis Merlin, saunier sur l’île de Ré
Jessica Tessier, élue en charge de l’agriculture de la Communauté de Communes de Noirmoutier
Emilie Mariot, présidente du GEDAR de l’île d’Oléron
Michel Parent, président de la Communauté de Communes de l’île d’Oléron
Emmanuel Maillard, adjoint en charge du développement économique pour la commune de l’île d’Yeu
Valérie Valade, 1ère adjointe de la commune de l’île d’Aix
Clément Kouyoumdjian, agriculteur et conseiller municipal sur l’île d’Arz
Benoît Simon, maraîcher et président de l’association MOPS Oléron
Gilles Le Puil, agriculteur sur l’île d’Yeu
Le procès-verbal de l’assemblée générale est consultable ici.
Le rapport d’activité de l’année 2020 est consultable ici.
L’inaccessibilité du foncier agricole est l’une des principales difficultés auxquelles sont confrontés les porteurs de projet d’installation agricole ou les agriculteurs en activité.
Au cours des dix dernières années, plusieurs territoires insulaires ont tenté d’apporter des solutions à cet état de fait en créant et mettant en œuvre des stratégies de maîtrise locale du foncier agricole. Ces stratégies s’inscrivent dans le temps long et nécessitent un portage politique fort, ainsi qu’un engagement des différentes parties prenantes intervenant sur le foncier agricole. Néanmoins, si ces conditions sont réunies, elles portent leurs fruits : ainsi l’action foncière de l’île d’Oléron, démarrée en 2010, arrive aujourd’hui à maturité et a permis d’installer plusieurs sauniers et agriculteurs sur l’île.
Notre recueil « Des territoires en action pour maîtriser le foncier agricole – Retours d’expérience des îles de la façade atlantique française » vous permettra d’en apprendre davantage !
Source de résilience alimentaire, facteur dynamisant de la vie rurale locale, emplois … les activités agricoles durables sont indispensables dans les îles.
Mais l’installation y est bien souvent perçue comme un véritable « parcours du combattant ». Accéder à du foncier dans un contexte de rétention des terres par les propriétaires, construire un bâtiment agricole dans des espaces proches du rivage, adapter sa production aux fluctuations saisonnières de population, trouver un logement à l’année … tout cela peut s’avérer décourageant !
C’est pourquoi il est crucial d’être bien entouré pour mener à bien votre projet. L’article ci-après vous apportera des informations sur les structures et dispositifs nationaux ou régionaux à mobiliser.
Par ailleurs, notre réseau regroupe des collectivités locales, des structures associatives et des agriculteurs de différentes îles qui sont très impliqués dans le développement agricole et peuvent également vous offrir une aide précieuse (recherche de foncier agricole, vision d’ensemble du secteur, mise en lien avec d’autres agriculteurs…), grâce à leur connaissance fine de l’île sur laquelle ils se trouvent. N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations ou pour obtenir leurs coordonnées : raia.association@gmail.com.
I. Se faire accompagner
Le Point Accueil Installation (PAI)
Il s’agit du premier RDV pour les porteurs de projet d’installation agricole.
Accueillir les porteurs de projet d’installation dans chaque département
Fournir des informations détaillées sur les aides financières et les démarches administratives
Orienter vers les structures d’accompagnement appropriées en fonction des besoins et des préférences personnelles du porteur de projet.
Le PAI vous fournira un document d’auto-diagnostic : il vous permettra de clarifier votre projet et faire le point sur vos compétences (un exemple d’auto-diagnostic ici). Un fois complété, ce document sera transmis au Centre d’élaboration du Plan de professionnalisation personnalisé (CEPPP). Vous pourrez alors rencontrer deux conseillers de votre choix afin de discuter de votre projet, identifier les éventuels besoins de formation complémentaires et être guidé dans les démarches administratives liées à l’installation.
Les structures d’accompagnement
Différentes structures sont agréées par l’Etat pour vous accompagner dans vos démarches de formation et d’installation (cliquez pour accéder aux sites des différents organismes) :
C’est décidé, vous voulez faire un stage dans une ferme et sur une île.
Nous pouvons, sur demande, vous fournir la liste des fermes accueillant des stagiaires sur chacune des îles de notre réseau.
Ci-dessous, quelques éléments afin d’identifier le dispositif de stage le plus adapté à votre projet.
1. Je souhaite découvrir à mon rythme en quoi consiste l’activité agricole
Réseau WWOOF
Le Wwoofing est un mouvement mondial qui vise à mettre en lien des citoyens intéressés par l’agriculture biologique avec des producteurs, en participant bénévolement à la vie de la ferme.
Les bénévoles (les Wwoofeurs) sont reçus dans des fermes où vivent et travaillent des familles ou des collectifs (les hôtes). Les Wwoofeurs aident au travail agricole et partagent la vie quotidienne des hôtes qui leur offrent le gîte et le couvert en échange.
Quelques fermes insulaires sont référencées sur ce réseau : retrouvez-les ici.
Période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP)
Ce dispositif permet à toute personne bénéficiant d’un accompagnement professionnel personnalisé (demandeur d’emploi, personne en réinsertion professionnelle, travailleur handicapé, jeune suivi par une mission locale) de réaliser une période d’immersion en milieu professionnel, en vue de retrouver un emploi. Plus d’informations ici.
Accès des demandeurs d’emploi aux métiers de l’agriculture (ADEMA)
Pôle Emploi a mis en place le dispositif ADEMA. Celui-ci permet aux personnes intéressées par l’agriculture de « tester » un métier agricole. Ouverte à tout demandeur d’emploi inscrit à Pole Emploi et n’ayant pas suivi de formation agricole de plus de trois mois, ce dispositif permet sur un mois environ de se familiariser aux métiers de l’agriculture. Une courte formation de 5 jours permet d’apprendre les rudiments du métier, avant d’être reçu 3 semaines en entreprise agricole sous le tutorat d’un maître de stage. Cette formation permet de découvrir le métier d’agriculteur avant de s’orienter vers d’autres formations plus techniques en agriculture.
CDD, contrat saisonnier
Travailler quelques mois comme ouvrier dans une exploitation agricole peut être une bonne initiation au métier, sans engagement pour la suite.
Le site de l’ANEFA propose un grand nombre d’offres d’emploi, dont certaines sur les îles.
2. Je souhaite tester une activité pendant une durée plus longue, préfigurer ma future exploitation
Espace test agricole
Un Espace-Test Agricole vous permet de tester votre future activité grâce à la mise à disposition de différents éléments :
Il vous propose un cadre légal pour réaliser votre test d’activité, tout en vous assurant une autonomie complète,
Vous disposerez de moyens de production (foncier, matériel, bâtiments…) indispensables à l’activité,
Un dispositif d’accompagnement et de suivi est proposé,
Une attention particulière est portée à l’inclusion du porteur de projet dans les dynamiques locales (milieu associatif agricole local, rencontre avec les élus et autres porteurs de projet, entraide).
Le lieu test désigne le lieu physique, support temporaire ou permanent du test d’activité.
Trouvez l’espace-test le plus adapté à votre projet : Réseau RENETA
Stage « Paysan Créatif » dans une coopérative d’installation en agriculture paysanne (CIAP)
Ce stage, d’une durée de 12 mois, est accessible à toute personne ayant un projet d’installation professionnelle en agriculture et une volonté de s’installer sur un territoire identifié avec ou sans foncier.
Durant le stage, vous bénéficiez du statut de stagiaire de la formation professionnelle, indemnisé par Pôle Emploi ou par la Région concernée.
3. Je suis en formation agricole (Bac pro, BTSA, BPREA…) et je cherche un stage dans le cadre de mon cursus
Nous pouvons vous fournir la liste des fermes insulaires accueillant des stagiaires.
4. J’ai démarré mon parcours à l’installation
Des stages en exploitation sont prescrits dans le cadre de mon projet professionnel personnalisé (PPP)
Des stages d’une durée de 1 à 6 mois peuvent être préconisés dans le cadre de mon parcours à l’installation. Je peux les effectuer chez l’agriculteur de mon choix, que je contacte directement ou via ma structure d’accompagnement. Il doit toutefois avoir l’agrément « Maitre-exploitant », ce qui signifie qu’il a été formé à l’accueil de stagiaires en parcours d’installation.
J’aimerais reprendre une exploitation agricole existante que le propriétaire souhaite transmettre, ou racheter les parts d’un associé : je peux effectuer un stage de parrainage
Le stage de parrainage, de 3 à 12 mois, permet à un candidat intéressé par la reprise d’une exploitation de travailler chez un agriculteur qui envisage de cesser son activité ou dans une société existante afin d’en maîtriser l’outil. Ce stage est agréé au titre de la formation professionnelle (rémunération versée par l’Etat ou une collectivité territoriale) et bénéficie d’une couverture sociale.
Il s’accompagne d’un suivi pédagogique qui peut être assuré par les Centres de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA), les Chambres d’agriculture ou des structures du développement agricole comme les ADEAR ou les CIVAM. Dans le cadre du programme « Accompagnement à l’installation transmission en agriculture » (AITA) ce dispositif peut être cumulé avec la prise en charge d’un diagnostic d’exploitation (jusqu’à 1 200 euros), d’un accompagnement à la transmission (jusqu’à 1 500 euros) ou d’une aide à la transmission du foncier (jusqu’à 3 000 euros).
Ce texte s’appuie sur une série d’enquêtes téléphoniques ainsi que des contacts réguliers entre le Réseau agricole des îles Atlantiques et les agriculteurs, des acteurs des filières et des acteurs du développement agricole sur les différentes îles de la façade atlantique.
Bilan de la crise
Les situations des producteurs insulaires pendant la période de confinement ont été très contrastées.
On peut toutefois identifier quelques grandes lignes directrices :
Les activités dont le chiffre d’affaire est essentiellement lié à de la vente directe auprès d’une clientèle touristique saisonnière ont été très durement impactées : c’est le cas (entre autres) des sauniers indépendants sur les îles de Ré, Noirmoutier et Oléron, des viticulteurs réalisant de la vente directe (hors coopérative) à Ré et Oléron. De façon similaire, les activités d’agri-tourisme n’ont dégagé aucun revenu du fait du confinement. Le manque à gagner ne sera pas compensé, même si la saison estivale est correcte.
Certains producteurs de viande, notamment ovine, ont été pris de court par l’impossibilité d’écouler leurs animaux sur le marché pendant la période de Pâques. Les animaux, gardés dans les fermes en attendant, risquent d’être dépréciés.
Pour les autres productions, les effets de l’épidémie se sont fait moins durement sentir, même si des adaptations en matière de production ou de commercialisation ont été mises en place sur l’ensemble des exploitations insulaires.
La production maraîchère, qui sur les îles est polarisée entre des activités de maraîchage sur de petites surfaces pour la vente directe (Yeu, Belle-Ile, Bréhat, Oléron…) et la production en plein champ pour la vente en coopérative (Noirmoutier, Batz), a pu dans certains cas tirer son épingle du jeu, grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : irruption de l’épidémie à une période de creux de production, accroissement de la demande des consommateurs pour des produits maraîchers locaux sur les îles, capacité des coopératives à s’adapter aux demandes du marché tout en mettant en avant l’origine des produits. Malgré tout, certains maraîchers ont dû détruire leurs productions, en particulier celles destinées au marché de la restauration.
Dans l’ensemble, les activités qui ont le moins pâti de la situation sont celles disposant d’une bonne autonomie (intrants, main d’œuvre, capacité de transformation et de stockage des produits) et de débouchés réguliers sur l’année et décorrélés de l’activité touristique.
Les installations en cours, et plus largement les activités nécessitant le recours à des entreprises extérieures (travaux, aménagement, réparation ou livraison de matériel) ont été grandement retardées par la réduction des dessertes en transport maritime et des activités postales. En effet, les produits et matériels agricoles ne sont pas considérés comme prioritaires.
Enfin, l’épidémie a reporté des évolutions stratégiques en cours : création de GAEC, projets de diversification, embauches.
L’ensemble des professionnels s’accorde sur le fait que le bilan économique de la période ne pourra être tiré qu’en septembre : le retour à la normale est variable d’une île à l’autre, selon la rapidité de remise en place des liaisons maritimes notamment.
Ce que la crise nous révèle des systèmes agricoles insulaires
L’expérience du coronavirus a ainsi joué un rôle de révélateur en mettant en lumière la fragilité du modèle économique global du secteur agricole sur les îles
1 –Des productions alimentaires insuffisantes ou déconnectées des besoins locaux
Elle a pointé la déconnexion entre la production agricole insulaire et l’approvisionnement alimentaire de la population locale. Cette déconnexion est de deux ordres et diffère selon les îles considérées : faiblesse ou inexistence de la production, non-corrélation entre les besoins alimentaires du territoire et les productions.
Sur de nombreuses îles, la production est calibrée pour satisfaire les besoins d’une filière d’exportation sur le continent et/ou de la clientèle touristique estivale[1]. Elle est donc commercialisée dans des circuits relativement distincts des circuits d’approvisionnement des résidents insulaires.
En effet, parmi la population vivant sur les îles « à l’année », le recours aux circuits d’approvisionnement alternatifs de proximité reste limité (à l’image de l’ensemble de la population française moyenne) au profit de l’approvisionnement en GMS.
Il y a donc une relative absence de recoupement entre l’offre alimentaire proposée par les producteurs en circuits de proximité (plutôt orientée vers la clientèle touristique « libre de son temps ») et la demande des résidents à l’année.
Décorréler la vente de produits agricoles insulaires de la saisonnalité touristique nécessite de renforcer les possibilités de recoupement offre/demande à l’année. De nouveaux partenariats équitables sont donc à imaginer. Il peut s’agir de nouveaux modes de partenariats entre producteurs et GMS, entre producteurs et artisans de bouche, ou encore la mise en commun de productions au sein de boutiques de producteurs, de drive, d’AMAP, pouvant constituer une alternative intéressante aux GMS grâce à la présence en un même lieu de différents produits, ce qui évite la multiplication des trajets souvent pointée comme un frein.
Un autre moyen de décorréler l’offre agricole de la saisonnalité touristique (et de la concurrence exacerbée en cas de disparition d’un débouché) est la diversification des activités : sur certaines îles, force est de constater d’une part, une spécialisation importante (viticulture, élevage ovin, maraîchage sur l’île de Batz…) générant alors un volume de produits identiques très largement supérieur aux besoins des résidents permanents, et d’autre part, l’inexistence de certaines productions (fruits, céréales, volailles, œufs…).
Néanmoins sur la plupart des îles, les volumes totaux d’aliments produits sont tout simplement insuffisants voire inexistants au regard des besoins alimentaires locaux. Il est donc nécessaire, dans une perspective à moyen terme d’amélioration de l’autonomie alimentaire locale, d’adopter des dispositions en matière d’accès au foncier et infrastructures facilitant l’installation agricole et la transmission avec des projets diversifiés.
Enfin, les coûts de production sur les îles sont plus élevés que sur le continent, même pour les exploitations agricoles très autonomes, ce qui se traduit par un prix des produits plus élevé que la moyenne. Pour autant, la présence d’une agriculture extensive et respectueuse de l’environnement sur les îles rend de nombreux services gratuits à la collectivité (entretien du paysage et des réseaux hydrauliques, protection de la biodiversité, réduction de la vulnérabilité aux aléas naturels comme les incendies ou inondations). Ces services pourraient être rémunérés par un système de paiement pour services environnementaux mis en place par les collectivités insulaires, qui permettrait de renforcer le modèle économique des exploitations.
2 – Une dépendance accrue pour les agriculteurs insulaires au transport pour la transformation et la vente
L’épidémie a également montré la nécessité de disposer d’infrastructures permettant de transformer les produits bruts sur place pour en reporter la vente, ainsi que les possibilités existantes de mutualisation de ces infrastructures.
En effet, plusieurs producteurs ont été contraints de détruire leurs produits, ou de les vendre à un prix inférieur à leurs coûts de production pour faire face à l’impossibilité de les écouler via les débouchés habituels.
Disposer d’outils facilitant la fabrication et le stockage de produits de report (laboratoire de transformation, autoclave, moulin, congélateur…) aurait permis d’éviter ces pertes. La mutualisation de ces outils, qui peut nécessiter des adaptations en matière de réglementation sanitaire, permettrait de limiter la construction d’infrastructures sous-utilisées.
Cette logique de maîtrise de la chaîne de fabrication et de commercialisation peut se transposer à la problématique du transport, notamment maritime. La mise en place de Plans de transport adaptés lors de la crise pour la desserte maritime a été très contraignante pour les agriculteurs et a souligné leur dépendance à des chaînes logistiques dont ils n’ont pas la maîtrise. L’exemple de l’île de Batz, où les agriculteurs sont pour partie actionnaires de la société qui gère la barge de transport assurant le passage des légumes vers le continent, ou encore du camion de lait de Belle-Ile, assimilé à un service public pris en charge par la collectivité et donc considéré comme prioritaire sur le bateau, montre que la reprise en main d’au moins une partie de la chaîne logistique est un facteur sécurisant en cas de modification des conditions d’exercice de l’activité.
Cette situation nous interpelle également sur la notion de biens de première nécessité : en effet, les produits nécessaires à l’activité agricole ont la même finalité que les biens alimentaires, à savoir nourrir la population. Il est donc important de reconsidérer la qualification des biens agricoles dans les documents qui régissent les dessertes maritimes.
3 – La dimension collective, un levier d’adaptation et un moyen pour encourager la disponibilité « multi-canaux » des produits locaux
La crise a montré l’utilité et la pertinence des dispositifs collectifs ou multi-acteurs. Ainsi les magasins de producteurs, les coopératives, les collectifs, ont permis aux producteurs de ne pas être démunis face à la perte de débouchés, d’avoir plus de poids dans les demandes adressées aux élus locaux (notamment pour le maintien des marchés) et de trouver plus facilement des débouchés alternatifs.
Au-delà des entités formelles, les proximités informelles préexistantes entre les acteurs ont favorisé la mise en place d’adaptations. On peut ainsi citer l’exemple d’un éleveur fournisseur d’un supermarché insulaire : ayant fait remonter au gérant du supermarché ses difficultés à écouler tous ses animaux, celui-ci l’a mis en relation avec les autres supermarchés de la même enseigne sur le continent.
Il est donc important d’encourager le développement des dispositifs favorisant l’interconnaissance entre acteurs professionnels. Les Projets alimentaires territoriaux sont un exemple, mais on peut également citer les collectifs citoyens, les groupements d’achat, les AMAP, les filières locales…
Par ailleurs, l’exiguïté des îles rend nécessaire une concertation entre les producteurs afin d’optimiser la gestion collective des débouchés possibles, évitant la concurrence et permettant de rendre disponibles les produits locaux dans tous les canaux de distribution, dont la plupart sont aujourd’hui sous-employés (cf. point 1). Cette concertation ne pourra se faire sans un cadre collectif idoine.
La dimension collective de l’action doit s’entendre également au sens d’une prise en compte par les élus et collectivités des attentes des citoyens-consommateurs : ainsi, une enquête réalisée par la mairie de Palais (Belle-Ile-en-Mer) auprès des habitants afin d’identifier les axes de travail prioritaires en sortie de confinement a révélé que les deux préoccupations majeures des habitants étaient : « l’écologie et la biodiversité », suivies de « l’agriculture ».
Cet exemple précis reflète la montée en puissance de la demande citoyenne pour une agriculture de proximité, c’est-à-dire porteuse de liens fonctionnels et positifs avec les non-agriculteurs, et respectueuse de l’environnement. Entendre cette demande signifie pour les collectivités agir de façon ambitieuse et efficace pour le développement sur les îles d’une agriculture correspondant à ces souhaits.
[1] Cette situation de dépendance au tourisme est globalement généralisable à l’ensemble des activités économiques insulaires : l’office du tourisme de Bréhat, suite à une enquête réalisée auprès des entreprises de l’île, a ainsi estimé que 70 % de l’activité économique de l’île dépendait du tourisme à la journée et à la semaine.
La vocation première de l’agriculture est la production alimentaire. Mais l’activité agricole offre également des services non marchands d’intérêt collectif, qui sont intrinsèquement liés à l’acte de production, et que l’on désigne généralement sous le terme d’ «externalités positives de l’agriculture». A contrario, les pratiques agricoles peuvent produire des effets qui pénalisent l’intérêt collectif et que l’on désigne comme des «externalités négatives».
Qu’entend-on par le terme « externalité » ?
Il y a externalité lorsque l’activité de production d’un agent économique a une influence non marchande (positive ou négative) sur le bien-être d’un autre sans qu’aucun des deux ne reçoive ou ne paye une compensation pour cet effet. Il s’agit donc d’un effet non associé à une contrepartie monétaire, et donc « extérieur » à l’économie de marché.
Dans le cas de l’agriculture, on peut notamment citer comme externalités positives environnementales :
Le stockage du carbone dans les sols agricoles, notamment dans le cadre de prairies semi-naturelles ou de pratiques agroforestières ;
La réduction de la vulnérabilité aux aléas naturels (incendies, inondations, submersion marine) ;
La contribution à la conservation d’écosystèmes rares et de la biodiversité qui y est associée ;
La régulation des populations de ravageurs.
On peut également identifier d’autres formes d’externalités positives liées à des valeurs culturelles ou esthétiques, comme par exemple la création et l’entretien de paysages à valeur patrimoniale (bocage, zones pastorales de montagne…).
Un certain nombre de travaux vise à estimer ces externalités positives et leur attribuer une valeur monétaire. Cela peut se traduire alors par une rémunération supplémentaire versée à l’agriculteur directement par l’Etat, les collectivités locales ou territoriales : c’est ce que l’on nomme les paiements pour services environnementaux (PSE). La mise en œuvre de ce type de paiements, dont les mesures agro-environnementales et climatiques peuvent être considérées comme le précurseur, démarre tout juste en France (via les Agences de l’eau notamment).
Les externalités négatives peuvent pénaliser certaines catégories d’agents économiques ou le bien-être général, et pèsent sur les contribuables (coûts des pollutions, du traitement de l’eau, des effets sur la santé…).
On peut citer, pour l’agriculture :
La pollution de l’air, de l’eau, induite par l’utilisation de produits phytosanitaires ou d’engrais de synthèse ;
L’érosion des sols, lié au travail mécanique répété et profond des sols agricoles, et à l’absence de couvert végétal ;
La diminution de la biodiversité entraînée par l’homogénéisation des cultures et pratiques agricoles ;
Les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation d’engins à moteur thermique ou à la fabrication d’intrants chimiques ;
La consommation de ressources non renouvelables (pétrole, phosphates…).
Certains travaux ont pour objectif d’évaluer le coût pour la société des externalités négatives, afin de pouvoir l’intégrer dans le calcul du coût total d’un produit. Ce rapport, commandé par l’ADEME, présente ainsi la façon dont le coût des externalités environnementales des produits alimentaires peut permettre de sélectionner des produits issus d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement dans le cadre des marchés publics en restauration collective.
Comment évalue-t-on une externalité ?
Le niveau de l’externalité dépend de ce qui est considéré comme « l’état normal » (d’un milieu, par exemple) en dessous duquel il y aurait dégradation au détriment de la société, et au-dessus duquel il y aurait bénéfice pour la société. Si la « science » fournit des éléments d’appréciation de ce que sont les « états souhaitables » dans le sens de la durabilité, la fixation de normes résulte toujours d’une construction sociale.
Concernant l’agriculture, les externalités sont donc très généralement évaluées en référence à ces normes, c’est à dire aux états créés par les pratiques de l’agriculture dite « conventionnelle ». Elles sont donc relatives, et peuvent évoluer.
On considère de façon générale qu’un surcroît d’externalités positives, ainsi qu’un amoindrissement des externalités négatives, représentent un bénéfice pour la collectivité.
Il a par exemple été montré que l’agriculture biologique était moins génératrice d’externalités négatives que l’agriculture conventionnelle, et qu’elle générait davantage d’externalités positives, bien que les niveaux en soient difficiles à quantifier (ITAB, 2016 : Voir le rapport complet ).
Concrètement sur les îles, ça veut dire quoi ?
La vocation première de l’agriculture est la production alimentaire. Aujourd’hui, sur les îles, la production existante est globalement très en deçà des quantités nécessaires à l’alimentation ne serait-ce que pour la population permanente. Sur les îles où un diagnostic de l’alimentation locale a été réalisé, on estime que seuls 3 à 5 % des besoins alimentaires sont couverts par la production locale.
Dans ce contexte, les activités agricoles insulaires ne peuvent assurer complètement leur fonction nourricière de proximité. Le RAIA souhaite donc encourager le maintien et le développement de l’agriculture dans les îles.
Mais les îles sont des territoires fragiles en termes de ressources : ressources en eau limitées, risques érosifs accrus par la proximité du milieu marin, écosystèmes spécifiques pouvant abriter des espèces endémiques… L’agriculture insulaire doit donc être en mesure de fournir les externalités positives détaillées ci-après, et de limiter voire supprimer les externalités négatives qui lui sont liées (pollutions, érosion des sols …).
Pour donner une réalité à ce projet proposé d’agriculture durable, le RAIA porte aujourd’hui un projet de recherche intitulé SOFIANE : SOutenir et Faciliter dans les Iles de la façade Atlantique une agriculture Nourricière et à Externalités positives.
Externalités positives concernant l’environnement
– Participer, par le biais de différentes pratiques, au maintien et au développement de la biodiversité des espaces agricoles : pastoralisme, agro-foresterie, agriculture biologique, enherbement des parcelles en arboriculture et viticulture, permaculture, maintien dans les parcelles d’éléments semi-naturels type haies et mares, rotations des cultures, mise en jachère…
Le cas du pastoralisme est particulièrement important pour les îles (exemple détaillé de l’élevage ovin plus bas), car il permet de conserver des prairies et des zones humides associés à des espèces végétales spécifiques. Le pâturage des animaux, en empêchant l’enfrichement des parcelles, empêche l’homogénéisation des écosystèmes présents et contribue au maintien d’espèces floristiques variées. (Agriculture, biodiversité et continuité écologique : contributions et enjeux communs)
– Participer au maintien de la biodiversité cultivée, par le biais de l’utilisation de semences anciennes, la culture de variétés variées, et l’élevage de races d’animaux à petit effectif, qui contribue au maintien d’une diversité génétique. Travailler au développement de cette biodiversité implique la mise en œuvre d’expérimentations, qui permettent de faire avancer les connaissances générales.
– Réduire la vulnérabilité aux aléas naturels : incendies (diminution du risque par l’ouverture du paysage et contribution à la lutte contre l’incendie par l’entretien de mares et d’étang pouvant fournir une réserve en eau), inondations (réduction du risque de ruissellement fort par la présence de haies, de couvert végétal), submersion marine dans le cas des marais salants.
-Accroître le stockage de carbone dans les sols, dans un double objectif de restauration de la fertilité et de réduction du CO2 présent dans l’atmosphère et contribuant à l’augmentation de l’effet de serre planétaire. Cet accroissement de la quantité de Co2 stocké dans le sol est lié à la mise en œuvre de pratiques agricoles spécifiques : agroforesterie, restauration des éléments semi-naturels liés à l’agriculture (haies, bosquets, mares, cours d’eau) ou encore prairies permanentes.
– Préserver la fertilité des sols à long terme : la fertilité des sols est un « capital » de départ dont dépend fortement la productivité des parcelles agricoles. Cette fertilité repose sur une multitude de paramètres physiques, chimiques et biologiques. Afin de la préserver, ou de l’améliorer, il est nécessaire de mettre en place des pratiques adaptées comme les couverts permanents, l’apport régulier de matière organique, la réduction du travail du sol et de l’utilisation de produits phytosanitaires.
– Entretenir les réseaux hydrologiques : l’enfrichement de zones auparavant cultivées ou pâturées entraîne la rétention de l’eau par les végétaux ligneux, par exemple dans le cas de boisements en fond de vallons auparavant utilisés pour le pâturage. Cette eau n’est alors plus disponible pour le captage et utilisable pour les besoins de la population.
Par ailleurs, l’absence de gestion du réseau hydrologique entraîne souvent dans les îles une hydromorphie des sols, qui se traduit par une asphyxie de la vie du sol défavorable à la biodiversité et à la productivité de la parcelle.
On considère que dans le cadre de la mise en œuvre d’une agriculture capable de fournir ces services, les agriculteurs participent à l’entretien des biens commun que sont les sols, l’air, l’eau, la biodiversité.
Externalités positives concernant le tissu économique du territoire et la vie locale
– L’ouverture des paysages est un service particulièrement important, que l’agriculture fournit gratuitement. En effet, une grande partie de la beauté des sites insulaires repose sur leur paysage présentant des ouvertures sur la mer depuis les espaces centraux ou les sentiers de randonnée. C’est une contribution majeure à l’attractivité touristique sur laquelle est bâti en grande partie le développement économique insulaire.
– Revitaliser le commerce de proximité en proposant des produits alimentaires de qualité sous forme brute ou transformée (produits laitiers, pain, viande…). Il peut s’agir d’une contribution à des circuits de commercialisation déjà existants (partenariats avec des supérettes locales) ou la création de nouveaux dispositifs (magasins de producteurs, AMAP, vente à la ferme ou par drive…).
L’augmentation du poids du secteur agricole dans le total des emplois sur un territoire insulaire permet de limiter la dépendance de celui-ci au secteur touristique et aux emplois de services qui y sont liés, dont les fluctuations ne sont guère compatibles avec la création d’emplois pérennes à l’année.
Par ailleurs, le développement économique uniquement axé sur le tourisme se base sur le fait d’attirer toujours plus de visiteurs, ce qui est incohérent avec la nécessité de protéger les espaces insulaires remarquables et rend extrêmement complexe le développement d’infrastructures de service public, qui doivent s’adapter à des fluctuations de charge très importantes.
Le développement d’un secteur dont l’activité est régulière sur l’année favorise l’installation pérenne de nouveaux habitants et contribue ainsi au maintien de services publics (écoles, hôpitaux…).
L’agriculture est également un secteur qui permet de travailler à l’insertion sociale des personnes en difficulté, éloignées de l’emploi (Jardins de cocagne).
– Tenir compte et s’adapter aux spécificités géographiques, géologiques, climatiques du territoire dans le développement des activités agricoles. Par exemple, la faible épaisseur de sol sur certaines îles doit inciter à l’élevage d’animaux légers, dont le piétinement ne risque pas d’endommager les sols et d’en accélérer l’érosion ou le tassement. Cette adaptation de l’agriculture à son territoire implique de connaître finement les spécificités locales et de sauvegarder (en les utilisant) des savoir-faire liés à ces spécificités : gestion hydrologique (drainage par exemple), pratiques de pâturage, aménagement bocager…. Cela donne une réalité à l’identité agricole des îles, susceptible de participer à la promotion et au rayonnement de celles-ci.
Cela contribue également au dynamisme de la vie locale rurale : à l’île d’Ouessant, par exemple, l’élevage ovin même non professionnel est support de lien social, de moments conviviaux et traditionnels.
– Rebâtir un socle de connaissances en matière d’agriculture pour les résidents insulaires (ou pour les visiteurs dans une moindre mesure), par différents moyens pédagogiques : visites de fermes, travaux participatifs, moments conviviaux type Foire agricole ou Comice, intégration valorisée de produits locaux dans la restauration collective …
Cette agriculture à externalités positives est donc une agriculture respectueuse de l’environnement, qui rémunère correctement les agriculteurs qui la pratiquent, et ancrée dans le territoire sur lequel elle s’inscrit.
L’élevage ovin extensif sur les îles : un exemple d’une agriculture à externalités positives
L’élevage ovin extensif est une activité que l’on retrouve sur différentes îles de la façade atlantique : Ouessant, Groix, Belle-Ile-en-Mer, Hoëdic, Noirmoutier, Yeu, Oléron.
Elle est particulièrement représentative du lien fort qui peut exister entre agriculture, biodiversité et paysages.
Cet élevage se caractérise par une faible charge pastorale (peu d’animaux par hectare) et des pratiques agricoles spécifiques, notamment l’absence de fertilisation azotée, la fauche estivale des prairies, et une complémentation alimentaire pour les animaux essentiellement limitée à du fourrage en cas de sécheresse et du sel.
Ces pratiques se traduisent par la présence sur les parcelles de prairies d’une multitude d’espèces végétales : jusqu’à 40 espèces recensées sur une parcelle (Etude des prairies de Belle-Ile-en-Mer, Masson, 2016). Les prairies ainsi constituées forment des habitats spécifiques et certaines sont protégées au niveau européen pour leur haute valeur en tant que patrimoine naturel (prairies de fauche mésophiles, prairies humides).
L’élevage a également façonné sur les îles un paysage ouvert, permettant d’apercevoir l’océan en de nombreux endroits et contribuant ainsi à la beauté des sites insulaires.
L’arrêt du pâturage des parcelles se traduit rapidement par l’évolution des prairies vers l’état de friche, puis de forêt. Sur l’île d’Yeu, le phénomène a ainsi été observé avec l’installation progressive de forêts de chênes verts. La parcelle devient alors « improductive » pour l’alimentation humaine, inaccessible pour les activités récréatives (randonnées, observations), et sa richesse en termes de biodiversité décroît.
Afin d’éviter cette situation, préjudiciable à divers niveaux, se pose alors la question de l’entretien de ces parcelles. Le coût estimé pour le maintien ouvert de ces espaces, en faisant intervenir des entreprises spécialisées, est estimé à 0.25 € HT/m², soit 2500 €/ha. Ainsi pour une surface de 100 ha, soit l’équivalent de la surface « entretenue » par une exploitation agricole en élevage ovin, on obtient un coût de défrichage égal à 250.000 € !
Ce cas permet d’illustrer les différents services qui peuvent être rendus par une activité agricole adaptée à son territoire.
Le 5 novembre 2019, la tempête détruisait des serres dans la tenue maraîchère des Guélou sur l’île de Groix. Yves et Isabelle ont été soutenu par leurs amis, leurs clients. Une cagnotte de solidarité a permis de les aider financièrement. Avec beaucoup de ténacité, ils ont reconstruit leur serre et la nouvelle saison est repartie. Nous espérons que la crise du corona virus ne viendra pas anéantir tous ces efforts. Bravo et merci à tous ceux et celles qui ont répondu à la cagnotte
En octobre 2018, Rachel et Aurélien ont répondu à un appel à candidature peu commun : lancé par la commune de l’île d’Aix, il avait pour but de recruter des volontaires pour installer une exploitation agricole en permaculture sur l’île, sur une surface d’1,2 ha. Mais alors que les premiers légumes devraient sortir de terre, la crise liée au coronavirus complique les choses …
La commune de l’île d’Aix compte 246 habitants à l’année, et couvre un croissant de terre de 130 ha, accessible uniquement par voie maritime depuis Fouras (20 min). C’est la plus petite commune de la Région Nouvelle-Aquitaine. Le tourisme y représente le premier bassin d’emploi (deux salariés sur trois), et l’ensemble des produits alimentaires consommés sur l’île sont importés du continent.
Le projet d’installation agricole s’inscrit dans le contexte plus général de la valorisation du site Armand Fallières, soutenu par l’Etat au titre du FNADT, et ayant pour but de promouvoir un développement économique favorisant une vie à l’année sur l’île. Le site devrait accueillir à terme une activité agricole, des locaux artisanaux, un centre d’hébergement, des logements et des locaux dédiés à l’organisation de formations. Une partie des travaux préalables au démarrage de l’activité agricole sont pris en charge par la mairie d’Aix, pour un montant total d’environ 275.000 €.
Les parcelles (1.2 ha) mises à disposition pour l’installation agricole appartiennent au Conservatoire du littoral et à la commune de l’île d’Aix. Le site accueille également un bâtiment non aménagé de 41 m². Enfin, la commune met également un logement à disposition des porteurs de projet agricole.
Identification des parcelles agricoles proposées pour l’installation, à proximité du site Armand Fallières.
A la suite de l’appel à candidature, ce ne sont pas moins de 17 dossiers qui ont été reçus. Mais c’est le projet « Aix-traordinaire : Jardin de Montrésor », porté par Rachel Tirsin et Aurélien Weiss, qui a été retenu en juin 2019. L’ensemble des dossiers a été examiné par un comité partenarial, auquel le RAIA a participé.
Le projet devait répondre à des enjeux de pratiques respectueuses de l’environnement (exploitation en agriculture biologique), d’insertion paysagère de l’exploitation, et de respect du cadre règlementaire en vigueur (Site Classé).
En septembre 2019, Aurélien et Rachel s’installent sur l’île d’Aix. Leur projet est le suivant : mettre en place une activité de maraîchage diversifiée, capable de générer deux emplois à terme. La commercialisation des produits aura lieu en direct à la ferme, via les épiceries et restaurants de l’île. Il est également prévu de créer un marché sur l’île d’Aix. La Biocoop de Rochefort pourra éventuellement commercialiser une partie de la production en hiver.
Le démarrage des activités était prévu initialement pour janvier 2020, afin de lancer la récolte en mars.
Mais la crise du coronavirus est venue compliquer les choses :
Les délais administratifs pour la mise en place de l’emprunt bancaire nécessaire à l’acquisition du matériel s’allongent, ce qui retarde le projet,
Le matériel commandé tarde à arriver ou ne peut pas être installé (serre) car les entreprises spécialisées sont fermées,
Il n’est finalement pas possible de mettre en place un atelier poules pondeuses.
Il sera donc difficile pour Aurélien et Rachel de démarrer véritablement l’activité cette année : même s’ils ont démarré les plantations, impossible en l’absence de serres de pouvoir diversifier autant que prévu les légumes cultivés. De plus, le retard pris dans les travaux pénalise même la culture en plein champ.
Démarrage des plantations
Premiers plants
Des discussions sont en cours avec la MSA pour reporter l’installation « administrative » à l’année prochaine, ce qui permettrait de limiter un peu les charges financières cette année.
Un point positif toutefois : Rachel et Aurélien peuvent compter sur l’aide des Aixois, qui n’hésitent pas à prêter du matériel ou à donner un coup de main pour la plantation des pommes de terre !