Les membres de l’association Réseau Agricole des Îles Atlantiques se sont réunis en assemblée générale le 28 janvier 2020, à 9h30, salle Annexe de la mairie de l’Île aux Moines (56). Mr Georges BIRAULT, en qualité de président, préside l’assemblée.
RAPPORT MORAL
Il y a 1 an, le 5 février 2019, nous tenions notre AG sur l’île d’Arz où nous avions été très bien accueillis. Et comme, les îles du Golfe sont assez centrales, nous avons décidé de renouveler l’expérience chez sa voisine l’Île aux Moines.
Je voudrais d’abord rappeler la spécificité de notre association. Composée de collectivités territoriales, d’entreprises agricoles, d’associations et d’individus, sa diversité est originale et permet d’avoir une réelle transversalité entre les îles, ce que nous ne trouvons pas dans les organisations agricoles classiques (Chambre agricole, CIVAM, GAB, …).
C’est cette transversalité qui nous permet d’échanger, de coopérer ensemble. C’’est ce que nous avons approfondi cette année. 12 îles, ayant une activité agricole, sur 16 sont représentées, 7 collectivités territoriales, 6 associations, 3 entreprises agricoles et 6 personnes individuelles
Voilà deux jours que nous travaillons sur les activités du RAIA, et nous avons vu à quel point l’activité était riche. L’exposition de frises de quelques îles le montre. Nous avons donc un challenge important qui nous motive, et nous avons besoin de motivation car les difficultés sont aussi au rendez-vous.
Mais parlons d’abord du positif.
Les points les plus importants
– Le maintien des fermes existantes.
Nous savons que rien n’est jamais acquis définitivement et que là où des filières de production se portent ou se portaient bien, les évolutions du marché et des politiques publiques peuvent les remettre en cause. Nous pensons particulièrement ici à la production laitière sur Belle-Ile mais aussi à celle de la viande bovine ou ovine avec la disparition des abattoirs de proximité qui pourtant facilitent les circuits courts. Mais cela peut aussi toucher la vigne, le sel, les volailles. Nous voyons qu’avoir un longueur d’avance, n’est pas évident, car même si tout va bien il faut essayer de se remettre en cause sans cesse pour prévenir l’avenir. Le RAIA a agi sur deux secteurs principaux le lait et la viande avec plus ou moins de succès, nous le verrons dans le rapport d’activité.
– Le foncier.
Point important s’il en est car pas de terres, pas de paysans : nous avançons, que ce soit avec la SAFER pour maîtriser le prix de vente des terres et leurs destination (mise à disposition du domaine municipal, biens sans maîtres, SCCI à Yeu… soit des solutions qui peuvent être reprises sur chaque île).
– les installations, un beau dynamisme
Sur plusieurs îles des installations se sont faites où sont en cours (Bréhat, Ouessant, Groix, BI, Oléron, Yeu, Aix). Bien sur le RAIA ne les ai pas toutes suivies de très près, cela montre le dynamisme agricole et le réel besoin d’accompagnement. Ce dynamisme est à mettre en parallèle avec le fait qu’en France dans les 10 ans qui viennent 150 000 agriculteurs sur 450000 vont partir en retraite. Leur remplacement n’est pas assuré (1 sur 3 au mieux selon les prévisions).
Et nous osons nous créer de nouvelles fermes sur les îles ! eh bien OUI !
Ces installations ne se font pas facilement, on déplore l’abandon à Groix de l’installation d’une ferme de poulet de chair. Seul, ce n’était pas possible.
Et sans nul doute que là où les collectivités territoriales sont investies, les installations sont plus faciles, bien que !
Là aussi, nous voyons bien la nécessité de coopérer entre les îles, en particulier l’expérience de ceux et celles qui viennent de s’installer est très importante.
Dans ce sens, la mise en place de stages pour les porteurs de projet accueillis par des agriculteurs îliens pour transmettre les expériences, voir les difficultés et les atouts, nous semble être un bon moyen d’échange, de formation, …
Les effets positifs de l’agriculture
Certains diront aménités, d’autres externalités positives ou négatives, dans les îles, qu’importe, ce qui est sur, c’est que le maintien et le développement de l’agriculture dans les îles est positif à de nombreux titres et la population y adhère de plus en plus.
– l’emploi et ces impacts positifs pour l’école, les services, …
– le cadre de vie : environnement, ouverture des paysages, …
– L’économie : les ressources financières restent sur l’île et permettent à d’autres secteurs de compléter leur activité. C’est un cercle vertueux, plus il y a d’agriculteurs, plus les besoins en services sont importants et rendent ceux-ci plus viables économiquement.
– La biodiversité : sans agriculture, la biodiversité des îles est mise à mal, ou bien son maintien mécanique est extrêmement coûteux pour la communauté (minimum de 5 000 euros l’hectare). Quand on pense biodiversité, on pense bien sur réglementation : espaces inscrits et classés, Natura 2000, loi littoral.
Malheureusement d’une part le gain pour l’agriculteur n’est pas en rapport avec le service rendu par celui-ci, d’autre part les contraintes de culture, de bâtiment sont trop importantes ou inadaptées.
Nous avons commencé cette année un travail de plaidoyer auprès des élus, pour l’instant, nous avons été reçu par un député (Eric Bothorel des Côtes d’Armor) et une sénatrice (Annick Billon de Vendée). Cette dernière a posé deux questions l’une au ministre de l’agriculture sur la loi Elan et une sur les préemptions de la SAFER. Nous suivrons bien sûr de près les réponses et nous allons continuer, avec le travail de recherche du RAIA, à approfondir ces questions de réglementation pour apporter des réponses spécifiques aux îles. Ce travail de plaidoyer que nous avons commencé sur la loi littoral est important. D’autres plaidoyers seront nécessaires pour que les spécificités de l’agriculture sur les îles soient prises en compte.
Là, je pense :
– au métier d’élevage des animaux (bovins, ovins, caprins) qui ne peut plus se penser sans concevoir toute la chaîne à l’aval : de l’abattage à la commercialisation.
– aux difficultés liées au transport qui peuvent grever de manière importante le revenu du paysan,
– l’économie circulaire
Nos finances
L’AIP
Pour faire vivre l’association et pouvoir répondre aux enjeux que nous nous sommes fixés, nous avons été très occupés à chercher des financements.
Notre première approche a été de solliciter l’AIP. Nous avions rencontré en 2017 et 2018 plusieurs fois le directeur de l’AIP, puis nous avons présenté le RAIA au CA de l’AIP le 28/02/2019 la veille de son AG annuelle à laquelle nous étions invités.
Sur les conseils d’Emmanuelle Rasseneur en tant que Référente des Îles du Ponant pour la région Bretagne, nous avons demandé à l’AIP de nous soutenir dans notre demande de subvention au FNADT (Le Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire). Le soutien a été pour le moins timide. Les subventions sont allouées pour des projets de développement économique. Or nous considérons que le projet du RAIA est bien le développement économique de l’agriculture dans les îles. Nous n’avons pas pu défendre en direct notre projet auprès du financeur (État + Région).
Au passage, je dois dire que nous regrettons que l’AIP ne nous ait pas associée à son travail sur une future « loi île », sur la partie agriculture. Car nous pensons que notre apport, fait du travail des chercheurs et de nos adhérents agriculteurs, est essentiel pour avancer dans la résolution des difficultés des agriculteurs des îles.
Nous nous félicitons cependant que sur les 13 îles ayant une activité agricole, 5 collectivités représentant 4 îles du Ponant, dont Ouessant dont le maire est par ailleurs président de l’AIP.
La Fondation de France
Nous étions en 2018 lauréat de l’appel à projet de la Fondation de France « Quels littoraux pour demain ? », pour un montant de 30 000 euros. Nous espérions que cette subvention soit renouvelée en 2019 et 2020. Mais il nous a fallu répondre de nouveau à l’appel à projet de 2019 intitulé : «Les futurs des mondes du littoral et de la mer» dont nous avons été lauréats pour une subvention de 45 000 euros, renouvellée sur trois années.
Je remercie Guillaume Février et Catherine Darrot qui n’ont pas hésité à travailler nuit et jour pendant une semaine pour réaliser notre dossier pour répondre à cet appel à projet.
Les régions
Nous avons sollicité les 3 régions concernées : Bretagne, Pays De Loire et Nouvelle Aquitaine. Les deux premières ont répondu positivement à notre demande.
PNA Plan National Alimentation version PAT (Plan Alimentaire Territorial)
Nous avons répondu fin 2019, à l’appel à projet du PNA. Nous saurons au printemps si notre dossier est retenu.
Le fond de dotation PERSPECTIVES qui nous vient en aide selon les projets mis en oeuvre.
Projet de recherche SOFIANE
« SOutenir et Faciliter dans les Iles de la façade Atlantique une Agriculture Nourricière et à Externalités positives »
L’équipe de chercheurs et chercheuses, sans oublier les stagiaires, a bien travaillé et a fourni un certain nombre de documents que vous pouvez trouver sur le site du RAIA.
Ce travail est important, car à la fin des 3 années, il nous permettra d’avoir des bases solides pour plaider les causes des agriculteurs sur les îles.
Ce travail de recherche est très intéressant, les échanges avec les chercheurs sont très fructueux. La journée du 23 septembre nous a permis de travailler sur les résultats et envisager les nouvelles actions pour l’année 219-2020.
Ceci dit, il nous faut faire attention à ce que le RAIA n’ait pas l’image d’une bande d’intellectuels chercheurs qui s’éloigneraient de la réalité, des problèmes auxquels sont confrontés les paysans. Bien sur c’est un écueil possible, mais nous en sommes conscients et nous essayons d’aller dans le sens de la recherche action, alimentée par les chercheurs et aussi par les personnes de terrain.
Le nombre de personnes présentes aujourd’hui nous réconforte et tendrait donc à montrer que nous allons dans le bon sens. J’en profite pour remercier tous ceux et celles qui ont accueillies les stagiaires et les chercheurs. Nous savons que ce n’est pas toujours évident de donner du temps pour les enquêtes.
Avant de passer la parole à Naïla Bedrani notre chargée de mission et doctorante, pour le rapport d’activité du RAIA, je voudrais vous remercier toutes et tous de participer à cette AG du RAIA. Je voudrais remercier les membres du bureau, Naïla Bedrani, notre chargée de mission qui se donne à fond pour animer le RAIA et réaliser sa thèse. Je voudrais aussi remercier Catherine Darrot et toute l’équipe universitaire qui participe au projet SOFIANE.
Et pour finir, remercier tous les bénévoles qui se sont investis dans ce challenge, et en particulier les agriculteurs qu’on voudrait voir plus investis bien sûr.
Le Président,
Georges BIRAULT